Mons 2015 à la puissance 5,75

La capitale européenne a eu l’impact économique escompté

ÉRIC DEFFET – Le Soir mardi 14 juin
Mons fait aussi bien que Lille 2004,   dont le bilan n’était  pourtant qu’une vague estimation.  60 millions publics investis et 350 millions   de retombées  économiques   pour la ville.
Deux études valent mieux qu’une. En même temps que les résultats financiers de l’opération (déjà annoncés comme positifs), on connaîtra la semaine prochaine les résultats de l’étude commandée au consultant international Kea par la Fondation Mons 2015 sur le bilan de la capitale européenne de la culture. Mais le collège communal a pris les devants en présentant ce lundi le travail commandé par ses soins auprès du professeur Alain Finet de l’Université de Mons. Objet : les retombées économiques de Mons 2015 pour le chef-lieu du Hainaut.

Mons n’est pas Lille, qui avait transformé son statut de capitale européenne de la culture en 2004 en moteur de reconversion. Il n’empêche : la métropole nordiste a toujours fait office de référence pour Elio Di Rupo (PS), le bourgmestre de Mons, et l’équipe à la tête de Mons 2015.  « Un jour, Martine Aubry, la maire de Lille, a dit que l’opération avait fait gagner six ans à sa ville et de fil en aiguille, le rapport d’un à six s’est imposé dans les esprits, à Mons aussi », explique Alain Finet.
Un euro public investi pour six euros d’impact sur l’économie locale ?  « J’ai demandé aux Lillois de nous fournir l’étude scientifique qui démontrait cela, explique Elio Di Rupo. Elle n’existe tout simplement pas. Il s’agissait d’une vague estimation, d’un sentiment au terme d’une année très réussie… » Mais Mons était en quelque sorte pris au piège : malgré un très large succès public, la comparaison négative avec Lille pendait au nez des autorités locales, certains n’hésitant pas à relayer des résultats aussi précoces qu’erronés.
Au bout du compte, Mons 2015 affiche le bilan escompté par ses organisateurs : si l’on en croit l’étude du professeur Finet, le ratio investissements publics/retombées économiques évolue dans une fourchette entre 5,6 et 6,2, sur base de comparaisons portant avec les arrondissements voisins de La Louvière et Ath.  « Si je devais retenir une évaluation plus précise de l’effet d’entraînement obtenu par le statut de capitale européenne de la culture, ce serait 5,75. » On l’aura compris : Mons n’a pas à rougir de la comparaison, pourtant très aléatoire, avec Lille.
Irréaliste ? En 2007, la ville roumaine de Sibiu (140.000 habitants) était capitale culturelle européenne : en une année, son produit intérieur brut par habitant avait explosé, passant de 20.000 à 25.000 euros. L’effet d’entraînement constaté à Mons n’est donc pas une exception.
Comment le service « Management financier et gouvernance d’entreprise » de l’UMons est-il arrivé à de telles conclusions pour la ville hennuyère ? En inventant un outil de mesure inédit :  « Il m’a permis d’analyser l’impact multiplicateur de tous les flux financiers générés par Mons 2015, en m’appuyant sur les 60 millions investis par les partenaires publics dans ce projet, sur un budget total de 71 millions », explique Alain Finet.
Le chercheur a ainsi pris en compte les 63 millions investis en amont, grâce aux fonds européens, notamment, dans des infrastructures culturelles ou dans la rénovation du patrimoine et intégré la masse salariale de la Fondation Mons 2015 ou les commandes passées aux entreprises locales. Il fallait encore tenir compte des dépenses estimées des touristes : 106 millions pour deux millions de visiteurs. Sans oublier la consolidation des PME de la Creative Valley et la fréquentation en hausse du secteur horeca.
Conclusion donc : Mons 2015 à la puissance 5,75 !  « Soit 350 millions injectés dans l’économie, locale , se réjouit Elio Di Rupo.  Je rappelle que la part de la ville dans le budget de la capitale européenne a été de trois millions d’euros à peine… »

Laisser un commentaire