Chantier de la gare de Mons

Dans le Soir du 31 janvier 2015

Nouveau retard pour la gare de Mons

ÉRIC RENETTE

La construction de la gare Calatrava de Mons va être ralentie, faute de budget suffisant.Effet politiquement emblématique ou cible sensible volontaire?

Qui, de la SNCB ou d’Infrabel, freine le plus fort?

La seule certitude, c’est que les travaux menés à la gare de Mons vont prendre du retard. Combien? Nul ne semble avoir les clés pour répondre. Ce retard va s’ajouter aux deux années déjà perdues, officiellement suite à des recours contre les permis de démolir/bâtir. Point de départ de ce nouveau délai: le chantier ne disposera pas de tous les moyens financiers initialement prévus en 2015. Suite aux différents efforts budgétaires imposés par le gouvernement, notamment 2,1 milliards d’économie au groupe SNCB entre 2015 et 2019, le gestionnaire du réseau Infrabel a écrit à Eurogare, la filiale qui gère la construction de la gare Calatrava à Mons pour lui signaler qu’elle allait réduire son budget pour 2015 à 4,6 millions d’euros au lieu des 8,3 millions initialement prévus, a révélé la DH, vendredi.
Ce n’est qu’une partie du problème. Une petite partie, même. Le principal promoteur de la gare, la SNCB, qui a hérité du dossier porté jusqu’alors par la Holding avant la restructuration du Groupe SNCB, réduit également sa participation. Ici, suivant une décision du conseil d’administration du 19 décembre dernier (la SNCB ne confirme pas), il aurait été décidé de réduire la voilure budgétaire à 9,7 millions pour 2015. Au lieu des… 29 millions initialement prévus. Pas d’autre commentaire à la SNCB que celui-ci: «Nous ne communiquons pas en détail sur les chiffres et montants investis. Nous ne suivons pas le mouvement d’Infrabel et n’avons pas demandé à Eurogare de freiner les travaux. Nous suivons le planning d’exécution. Notre philosophie est que même en période de restructuration budgétaire, nous ne touchons pas aux éléments déjà entamés. Notre priorité est d’assurer le suivi de ce qui était prévu. Cela s’applique pour le chantier de la gare de Mons. Toutefois, face à la demande d’Infrabel, qui est un des trois partenaires dans le chantier, nous allons analyser les conséquences sur le déroulement des travaux.»

Et les utilisateurs dans tout ça?

Chez Infrabel, on se contente d’un «pas de commentaires» officiel. Sauf que… lors des transferts financiers de dotation qui ont accompagné la restructuration du Groupe SNCB, le 1er janvier 2014, Infrabel a transféré 15,2 millions d’euros à la SNCB pour assurer la moitié des travaux commandés pour 2015. Plus que la part que la SNCB aurait finalement inscrite à son budget 2015… Histoire d’améliorer ses propres comptes avec la différence?

Au-delà des aspects financiers, il paraît clair que le chantier de la gare de Mons n’est pas un exemple neutre. Fruit de la volonté, que certains estiment disproportionnée, du PS et de son président Elio Di Rupo, la gare est évidemment un symbole politique autant qu’économique. Ou une cible?

Pour les utilisateurs, les questions sont ailleurs. Quand la nouvelle gare sera-t-elle fonctionnelle? Pour les contribuables, c’est «combien va-t-elle coûter»? Fin 2014, en théorie, il restait 135 millions d’euros à financer sur les 250 millions de coût global du projet (184 millions pour la gare – 150 pour la SNCB, 24 pour la SRWT, 10 pour la Ville – et 69 millions pour l’infrastructure). Et l’achèvement des travaux était programmé pour 2018. À partir du moment où le Groupe SNCB dans son ensemble contribue à hauteur de 14,3 millions en 2015 au lieu des 37 millions prévus, moins de la moitié, il est illusoire d’imaginer respecter les délais. On en revient donc à la question principale: quand?

ÉRIC RENETTE

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