LA LOUVIERE : plus assez attractive, La Strada est gelée

LE SOIR – 19/01/2016 – XAVIER LAMBERT

Wilhelm and Co peine à attirer les investisseurs et veut renforcer son projet

La nouvelle a été confirmée ce lundi   de part et d’autre.  Le groupe Wilhelm and Co a bien convenu avec la Ville de geler  le projet La Strada dans sa mouture actuelle.

L’objectif est d’envisager ce projet dans un cadre plus large de « Centro »… pour lui donner plus d’attractivité. Duferco et l’IDEA seront sollicités pour la vente des terrains entre le centre et le canal, et un nouveau projet redessiné, afin de pouvoir attirer des investisseurs actuellement réticents.
Ce n’est évidemment pas une bonne nouvelle pour La Louvière, qui vient déjà de se faire dribbler par Mons et Charleroi dans la chasse aux grandes enseignes (Primark s’y installera alors que Wilhelm avait obtenu un pré-accord pour La Louvière en 2014 avant l’avis négatif rendu par le Collège), mais il est maintenant certain que le projet de commerces, bureaux et logements Strada sur le site Boch va prendre un nouveau gros retard… s’il se fait un jour. Il ne devrait en tout cas pas se réaliser dans sa mouture actuelle, trop peu attractive selon le promoteur Wilhelm and Co, que pour attirer les grandes enseignes nécessaires à sa rentabilité.
Le projet veut s’élargir
D’où l’idée, exposée en octobre dernier et développée lors du salon international de l’immobilier commercial à Cannes, d’un projet plus large, prenant appui sur la proximité immédiate du canal et du parc Boël, mais aussi des musées et du Point d’Eau, pour imaginer un vaste complexe mêlant culture, tourisme et loisirs. Du côté de la Ville, on ne s’y dit pas opposé, tout en étant conscient qu’on part ici de zéro, et que l’acquisition, mais surtout la dépollution des terrains entre le centre et le canal nécessitent beaucoup de temps… et d’argent.
« Nous avons convenu de travailler en deux phases, explique Jean Godin, échevin de l’urbanisme, en l’absence du bourgmestre Jacques Gobert, parti en vacances. Durant les prochaines semaines, nous allons rencontrer les responsables de l’IDEA et de Duferco et de la SOGEPA (ndlr : société publique wallonne, actionnaire à 49 % dans Duferco Belgium) afin de voir si on pourrait acquérir les terrains nécessaires. Cela ne devrait en principe pas poser de problème, l’IDEA présente à la réunion de vendredi n’a pas émis d’objection en tout cas. Ensuite, Wilhelm fera appel à des urbanistes de réputation internationale pour qu’ils lui soumettent des projets d’ensemble. Cela devrait nous mener vers juin. On évaluera les choses à ce moment. »
Du côté de Wilhelm, on confirme la volonté de réorienter le projet mais on conteste formellement que cela pourrait être lié à des problèmes internes du groupe. Une conférence de presse est annoncée ce mardi pour faire le point.

six questions   La Ville prête   à venir en aide

X.L.

Six questions principales se posent sur l’avenir du projet Strada.
1

Si Wilhelm and Co n’arrive pas à trouver des investisseurs aujourd’hui, cela peut-il changer en quelques mois ?

« Pourquoi pas, à condition qu’on les aide ? » estime le député MR Olivier Destrebecq. « On voit qu’avec l’aide du politique, d’autres dossiers dans des villes voisines ont pu se développer très rapidement. »

2

La Ville pourrait-elle casser le marché avec Wilhelm and Co ?

Techniquement, oui. Et établir un constat de carence, par exemple, pour la non-mise en oeuvre du marché public. Mais alors se poserait la responsabilité de cet échec, et de l’aveu de l’échevin Jean Godin, « on n’est pas tout blancs ». Traduction : la Ville s’exposerait à de lourdes indemnités, et une longue procédure juridique.

3

Qui est responsable de cet échec ?

Un peu des deux, sans doute, en plus du climat de crise. Le manque de dialogue entre les parties a conduit la Ville à remettre en 2014 un avis négatif sur un projet qui ne correspondait plus à ses attentes. Mais les conséquences ont été désastreuses auprès des grandes enseignes, dont Primark, qui ont perdu confiance dans le projet, et ont conduit à ce que Wilhelm estime ne plus pouvoir le rentabiliser.

4

La Ville peut-elle encore avoir confiance en Wilhelm and Co pour mener à bien ce projet ?

« Oui, puisque la SRIW (ndlr : société d’investissement de la région wallonne) est toujours prête à s’y investir , dit Jean Godin. S’ils y croient, c’est que c’est un projet crédible : ce sont quand même des spécialistes »

5

Pourquoi continuer avec Wilhelm ?

« Nous n’avons pas de plan B, concède Jean Godin. Nous avions bien quelques idées, une ou deux pistes, mais pas une vue d’ensemble comme eux savent le faire ».

6

Le revirement de Wilhelm and Co n’est-il pas dû aux difficultés financières du groupe, actuellement dans le rouge?

Difficile de se prononcer. Le groupe nie que sa situation soit si délicate. De toute façon, même en pleine santé, un promoteur peut difficilement (s’investir) dans un chantier en pensant que la réalisation ne pourra être rentabilisée.

Une réflexion au sujet de « LA LOUVIERE : plus assez attractive, La Strada est gelée »

  1. J’avoue ne pas bien comprendre :

    Wilhem & C° peine à trouver des enseignes ?
    Mais pourtant lors des présentations successives du projet, il nous a toujours été affirmé que Wilhem & C° avaient déjà de nombreux contacts et que nous verrions à La Louvière des enseignes inédites …

    le projet n’est pas rentable parce que trop petit ?

    Lors de l’avis que Bernard De Vree et Alain Cordier avaient remis au nom de la SAC pour la CCATM, ils soulignaient que le projet était trop monolithique, trop grand, non phasé.
    Voici les conclusions de l’analyse:
    – le quartier doit être constitué de rues ( et d’une place ) assurant les liaisons naturelles entre tous les quartiers avoisinants ( y compris la gare ) et constituant des ilots urbains
    – des galeries commerçantes peuvent être conçues comme des traversées de ces ilots urbains (voir galeries du Roi et de la Reine à Bruxelles par exemple )
    – la perméabilité de ce nouveau quartier doit se manifester par des façades traduisant l’aspect multifonctionnel (habitat + commerces + services …) de ce nouveau quartier ( le mur « leds » est l’expression contraire de cette volonté)
    – la place publique ( dont les dimensions peuvent être revues ) doit rester publique: les bâtiments jouxtant cette place doivent être traités pour « animer » cette place publique ( y compris la façade du musée des fours bouteilles et l’usine Boch )
    – le nouveau quartier doit pouvoir évoluer ( se transformer, se reconvertir) en tenant compte de l’évolution de la ville et de développements (régressions) économiques
    – l’accessibilité des visiteurs et des fournisseurs doit être étudiées avec soin .

    Pour noyer le poisson , on agrandit le lac …

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