Les fonctionnaires de l’Urbanisme au bord de la crise de nerfs

Le Soir Mardi 26 mai 2015

JEAN-LUC BODEUX

Région wallonne :  L’administration trop souvent perturbée par un programme informatique défaillant

L’informatique peut être un merveilleux outil de gestion des données mais aussi un véritable casse-tête. C’est le cas depuis près de trois mois au sein d’un service de l’administration wallonne, la DG04, la direction extérieure de l’Urbanisme présente dans chacune des grandes villes wallonnes.

La DGO4 utilise un programme baptisé Workflow qu’il faudrait rebaptiser «workflou», tant il est nébuleux depuis fin 2014 d’y retrouver au quotidien les dossiers de demande de permis d’urbanisme. Cette base de données contient des dizaines de milliers de dossiers. Le Workflow est un programme d’aide à la gestion des procédures de remise d’avis ou de délivrance de permis d’urbanisme (lorsque le fonctionnaire délégué est compétent à la place du collège communal). Il fonctionne comme une base de données qui, selon les éléments encodés dans celle-ci, génère toute une série de documents (courriers, avis, décisions…) préremplis. Cette base de données permet de conserver un historique urbanistique de toute parcelle attribuée.

Ce programme qui existe depuis une petite dizaine d’années a coûté environ deux millions d’euros à ce jour. Il a été mis en œuvre par une société liégeoise, NSI.

Un ras-le-bol depuis trois mois

Ces dernières semaines, il ne s’est quasiment pas passé un jour sans qu’à Liège, Mons, Charleroi, Namur ou Arlon, le système se plante, ne délivrant que des bribes d’informations, ou faisant durer les recherches durant des dizaines de minutes, voire ne réagissant pas du tout. Ces derniers jours toutefois, les choses se sont un peu améliorées, tant les fonctionnaires irrités ont tapé sur le clou.

Au bout du téléphone, des citoyens souhaitant connaître l’état d’avancement de leur dossier. Pour les fonctionnaires, c’est la galère assurée. Si l’ambiance a souvent été nerveuse dans cette administration, le ras-le-bol est à présent à son comble, chacun craignant de passer des heures par jour sur quelques dossiers alors que la logique voudrait que l’information soit trouvée en quelques clics. Un sentiment de frustration et d’énervement qui grandit par ailleurs depuis trois mois et est aujourd’hui profond, malgré quelques jours récents d’accalmie.

Si dans les administrations des villes concernées, on nous a bel et bien confirmé ces problèmes récurrents, les directions concernées refusent d’évoquer le sujet, renvoyant la balle à quelqu’un d’autre qui… n’est pas habilité à parler.

Chez NSI, Olivier Steegen, project manager, ne conteste pas la situation. «Nous avons mis au point ce programme, mais nous n’en assurons pas l’exploitation qui est du ressort du SPW. Le programme n’a pas été modifié depuis des années. On ne lui demande pas de faire quelque chose de différent, mais force est de constater que l’architecture informatique a néanmoins vieilli et qu’il est difficile d’en assurer la maintenance. Il faudrait faire évoluer l’application de manière régulière, mais cela coûte. Nous avons travaillé pour y remédier, le SPW y travaille encore.»

C’est ce qu’espèrent les fonctionnaires quand chaque matin, ils allument leur ordinateur… Avec l’entrée du Code du développement territorial en octobre prochain (si rien ne change), le cabinet Di Antonio envisage la mise en œuvre d’un nouveau logiciel.

JEAN-LUC BODEUX

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