Le Conseil d’Etat rejette en partie le plan régional d’affectation du sol sur le plateau du Heysel. La Région doit justifier son choix d’implantation du futur centre commercial.
Ce lundi, le Conseil d’Etat a annulé partiellement le plan régional d’affectation du sol (Pras) pour le plateau du Heysel. Une décision qui ne réjouit ni la Ville de Bruxelles ni la Région, mais qui était attendue depuis des mois. Si cet arrêté ne remet pas en cause la philosophie du projet de réaménagement du plateau du Heysel, il risque tout de même de le retarder de quelques mois, le temps pour les juristes de trouver une solution acceptable pour le conseil.
Pour rappel, le projet Neo comprend dans une première phase la création d’un centre commercial de 72.000 m², un cinéma, un parc paysager de 3,5 hectares, 15.000 m² d’espaces de loisirs, 590 logements, une maison de repos, 2 crèches et 3.500 m² de bureaux. La salle de spectacle de 15.000 places du Palais 12 fait aussi partie de la stratégie régionale. Dans une deuxième phase, un centre de congrès international de 3.500 places et un hôtel devront aussi être construits.
Avec de tels enjeux, difficile de ne pas passer à côté de nombreux recours au Conseil d’Etat. Un premier était tombé contre la désignation du consortium Unibail-Rodamco suite à une plainte d’un des candidats évincés. La société mixte formée par la Ville de Bruxelles et la Région avait ainsi dû justifier à nouveau son choix avant d’avoir gain de cause.
En avril dernier, ce sont 28 riverains flamands qui avaient à nouveau déposé un recours à la chambre flamande du Conseil d’Etat contre le projet. En mai, l’auditeur du conseil avait rendu un avis négatif contre Neo. Selon lui, il aurait fallu mettre en place les modifications au Pras (plan régional d’affectation du sol) avant d’établir un projet concret.
C’est cet avis qui est aujourd’hui confirmé par l’arrêt du Conseil d’Etat. Il remet en cause la modification partielle du Pras pour la zone d’intérêt régionale (ZIR) Heysel. Il s’agit plus particulièrement de la construction du centre de congrès, de la salle de spectacle et du centre commercial. Le Conseil a jugé que les exigences du rapport d’incidences sur l’environnement n’ont pas été remplies en certains points. Il aurait souhaité que d’autres emplacements soient étudiés avant que Bruxelles ne décide d’implanter son centre commercial sur le plateau du Heysel. Il remet aussi en question les solutions apportées en matière de mobilité.
Après l’avis de l’auditeur du Conseil d’Etat, la Région avait déjà commencé le travail. « Nous prenons acte du rapport , a expliqué le ministre-président Rudi Vervoort (PS). Nous sommes tout à fait en mesure de motiver la création d’une ZIR au Heysel. Nous avons les solutions techniques et juridiques en main, et nous entendons les mettre en œuvre avec l’ensemble des acteurs du Heysel. » Il ne faudrait donc pas remettre en question le projet. D’ailleurs, en parallèle, le consortium travaille toujours sur l’élaboration de son dossier en vue d’introduire les demandes de permis nécessaires. La Ville, elle, continue l’élaboration de son plan particulier d’affectation du sol (Ppas) qui devrait aboutir en 2016.
Un jeu politique
entre la Flandre et Bruxelles
A Bruxelles, on ne s’étonne pas de cet arrêté mais plutôt du timing de celui-ci. En effet, il intervient quelques jours après que le gouvernement flamand a donné le feu vert pour le projet concurrent Uplace situé sur son territoire, à seulement quelques kilomètres de Neo. Or, si les deux centres devaient se construire, les projets ne seraient pas viables économiquement.
« Les juristes confirment que nous aurions pu procéder autrement mais trouvent que le Conseil d’Etat est allé très loin dans ce dossier , nous confie-t-on à bonne source. Tout ça est très politisé mais nous allons répondre point par point aux critiques. »